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Norman Dewis se confie à Autocar

Vous ne connaissez peut être pas Norman Dewis, mais il s’agit pourtant d’un personnage clef dans l’histoire de Jaguar, celles que l’on aime tout particulièrement les modèles des années 50 à 70. Norman a été le pilote essayeur de la marque de Coventry pendant de nombreuses années développant aussi bien des innovations techniques telles que les freins à disques, la suspension arrière indépendante ou testant de nouveaux modèles de Jaguar. Il est le pendant britannique de Valentino Balboni qui jouait le même rôle chez Lamborghini, la marque italienne a eu le mérite de rendre hommage à Valentino par le biais d’une série spéciale, espérons qu’un jour Jaguar en fera de même eut égard au travail de Norman Dewis.
.Norman Dewis.
Norman Dewis est aujourd’hui âgé de 95 ans, toujours fringant, il continue de graviter dans la galaxie Jaguar même si il n’y tient plus de rôle officiel. Norman est entré chez Jaguar en 1951 après avoir travaillé pour le constructeur britannique Léa Francis.

En entrant chez Jaguar, sous la direction de Bill Heynes alors directeur de l’ingénierie de la marque, Norman Dewis rejoint une équipe que l’on peut considérer à postériori comme une dream team. Si Jaguar est alors dirigé par Sir Wiliam Lyons, l’équipe technique se compose de Claude Bailly et Wally Hassan en charge du développement des moteurs XK, de Malcolm Sayer génial aérodynamicien aux techniques empiriques, sans oublier Bob Knight pour les liaisons au sol et Loftly England pour tout ce qui touche au département compétition.

Avec de tels ingénieurs, les innovations sont constantes et Norman Dewis enchaîne les kilomètres au volant de prototypes et voitures de série, que ce soit sur les routes de l’arrière pays britannique ou sur les circuits et pistes d’essais telles que celle du MIRA.

L’une des premières missions de Norman a été de développer les freins à disques en partenariat avec Dunlop. Rappelons qu’à l’époque, seuls les freins à tambours existaient et que la technologie des freins à disques apparaissait pour de la science fiction. Le développement ne se fera pas sans difficulté, notamment en ce qui concerne le liquide de frein qui boue trop rapidement, les disques qui s’usent prématurément ou encore les plaquettes de frein qui ne reviennent pas correctement. Afin de ne pas dévoiler la technologie des freins à disque, Jaguar les développaient en cachette fuyant les pistes d’essais officiels. Nul doute que Norman Dewis a du se retrouver plusieurs fois sans frein avec la Type C expérimentale lors des essais.

Une fois (relativement) fiabilisée, cette technologie a été installée sur les Jaguar Type C puis Type D de compétition, permettant aux voitures britanniques de remporter les 24 heures du Mans face à des Mercedes plus puissantes et plus rapides.
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Dewis Discussion.
En plus de la publicité des victoires au Mans, Sir William Lyons souhaite prouver que les Jaguar que l’on retrouve en concessions sont parmi les voitures les plus rapides du monde. Rappelons que le patronyme de la XK120 indique que la voiture peut atteindre les 120 miles / heure (équivalent à 200 de nos kilomètres / heure), une vitesse totalement folle au début des années 50. La vitesse de pointe était particulièrement importante pour la promotion, utilisant le même type d’appelation, Donald Healey avait baptisé la 100/4 également pour communiquer autour de sa vitesse de pointe.

Laissons les créations de Warwick pour revenir à Jaguar, en 1949, la presse est conviée en Belgique, à Jabbeke pour être précis, pour constater la vitesse de pointe d’une XK120 presque de série. La voiture réglée avec soin par l’usine dépasse les 132 miles établissant alors un record, Norman Dewis ne faisant pas encore partie de Jaguar il n’est pas de l’aventure.

En 1953, une Pegaso bat le record de vitesse établi par la XK120 quelques années plus tot, il est alors décidé de préparer un roadster au moteur gonflé et spécialement carrossé pour reprendre ce record. En octobre, 1953, Norman Dewis se retrouve donc en Belgique sur la portion d’Autoroute de Jabbeke pour une nouvelle tentative de record. La XK120 atteindra la vitesse folle de 172 miles / heure (277 Kilomètres / heure). Pour qui a roulé au moins une fois dans une Jaguar XK120 ou dans une voiture des années 50, il estimera à sa juste valeur la performance au volant pour atteindre une telle vitesse.

La carrière de Norman se poursuit chez Jaguar par le développement de la Type D, tout d’abord dans sa version avec le nez court (short nose) puis la version plus aérodynamique à nez long (long nose) et aileron arrière. La Type D est l’une des voitures préférées de Norman Dewis, particulièrement dans sa déclinaison long nose qu’il a piloté pendant des heures pour faire fonctionner de concert le châssis et l’aérodynamique sur cette auto. Le travail de développement payera puisque Jaguar remportera de nouveau les 24 heures du Mans, les Type D étant chronométrées à 192 miles / heure (307 kilomètres / heure) dans la ligne droite des Hunaudières.
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Norman Dewis XKSS.
Peu à peu les prototypes font la loi aux 24 heures du mans et il devient quasiment impossible pour une voiture de Tourisme de s’y imposer. Les Jaguar Type E Lightweight n’auront jamais de résultats probants dans la Sarthe et le constructeur britannique envisage alors une approche plus radicale.

Le prototype baptisé XJ13 est une barquette particulièrement profilée entièrement réalisée en aluminium qui fut dessinée par l’aérodynamicien maison Malcolm Sayer. La voiture est propulsée par le V12 de 5 litres qui équipera notamment la XJ12 ou encore la Jaguar Type E. Bien évidemment, Norman Dewis est encore mis à contribution pour le développement de la XJ13. Celui-ci s’arrêtera prématurément suite à un crash à très haute vitesse sur la piste d’essai du MIRA. La voiture sera entièrement détruite par cet accident mais Norman s’en tirera miraculeusement indemne. Les causes de cet accident restent floues même si des pneumatiques usagés ou encore non adaptés à la vitesse de la voiture reviennent régulièrement comme explication.

Norman Dewis a continué de travailler pour Jaguar jusqu’en 1985 en développant notamment les différentes versions de la berline XJ ou encore le coupé XJ-S. Il a ensuite pris une retraite bien méritée après une carrière placée sous le signe du développement technologique et des très hautes vitesses. On estime qu’au cours de ses différents essais, Norman a parcouru plus d’un million de miles (1,6 millions de kilomètres) au volant de Jaguar à des vitesses moyennes supérieures à 100 miles / heure (160 kilomètre / heure).
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Type E Dewis.
En 1994, pour des raisons personnelles, Norman reprend du service chez Jaguar même si son rôle de pilote essayeur est passé au second plan, son rôle de conseiller et de représentant de la marque devenant peu à peu prépondérant. Il continue de prendre le volant des dernières productions de Jaguar et s’étonne toujours des bruits de roulements de pneumatiques sur les voitures modernes.

En 2020, le 3 août pour être précis, Norman Dewis fêtera ses 100 ans, pour cet anniversaire il ne souhaite pas de gâteaux mais un cadeau pour le moins original. Il désire faire un tour de la piste d’essai du MIRA au volant de la Jaguar XJ13 et son surpuissant V12 central. Norman espère effectuer ce tour à plus de 100 miles / heure de moyenne au volant de la voiture qui a failli lui couter la vie lors de son développement. Nous avons eu la chance de croise Norman Dewis sur plusieurs événements automobiles, il est aussi discret que sa carrière est impressionnante, un authentique passionné d’automobile britannique et plus particulièrement de Jaguar.

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Source et crédits photos : Autocar

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