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Auto Heroes

On entend souvent que la presse écrite se porte mal et que la plupart des magazines subsistent grâce à un équilibre financier pour le moins précaire. Dans ce contexte morose, de nouveaux titres sortent pourtant régulièrement ce qui est toujours intéressant et rafraichissant dans un secteur où les innovations ne sont pas légion. Ce mois-ci, le petit nouveau s’appelle Auto Heroes, Hommes & Autos de Caractère. Il dérive étroitement de Moto Heroes qui a su se faire une place à part dans l’univers des magazines moto.

N’étant pas lecteurs de Moto Heroes, nous découvrons Auto Heroes avec un regard totalement vierge. En échange de 5,90€, un prix dans la moyenne du marché et qui semble même relativement attractif eu égard à l’épaisseur du premier numéro du magazine Auto Heroes (près de 200 pages).
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Auto Heroes Couverture.
Les premières impressions sont bonnes, le papier est de qualité avec notamment l’utilisation de vernis sélectifs que l’on retrouve très rarement dans la presse papier. La maquette est également réussi et moderne, le magazine se découpe en 5 parties baptisées Casino Royale, Amicalement Votre, Blade Runner, Into the Wild et Point Limite Zero. Des titres alléchants et plutôt bien trouvés révélant une culture automobile et cinématographique certaines.

En feuilletant le magazine, on se rend compte qu’il y a beaucoup de pages de publicité, la plupart du temps en pleine page à l’image de ce qui se fait dans les magazines de mode ou lifestyle. Plus on avance dans notre lecture plus ce côté mercantile nous saute aux yeux et nous gène. Une grande partie des articles se terminent par un encart proposant des produits en rapport avec l’article. En tant que lecteur je ne souhaite pas acquérir un catalogue ou une liste d’idée cadeaux mais plutôt me retrouver en présence d’un magazine avec des articles de fond. En plus de cela, des articles présentant des sociétés en lien avec l’automobile (gants, bijoux) font d’avantage penser à des publi-redactionnels qu’à des articles ayant une portée journalistique.
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Auto Heroes McQueen.
En continuant la lecture, on a la surprise de découvrir des articles qui ne sont pas d’actualités, comme les voitures du dernier James Bond sorti en Novembre. Plus génant encore, la réédition d’article déjà paru sur le site Classic Driver comme la visite des réserves du musée Porsche où encore la découverte de l’atelier Novo spécialisé en Bugatti. Toujours en ce qui concerne le contenu, si un article sur Steve McQueen semble incontournable pour un magazine qui traite des hommes & autos de caractère, il aurait été de bon ton de ne pas sombrer dans les classiques articles sur Bullitt et la montre Tag Heuer Monaco. Nombre d’articles sont très court (1 à 2 pages) ce qui ne laisse pas le temps aux journalistes de réellement développer leurs sujets.

Certains sujet plus étoffés, comme celui du road trip de Paula (un camion), un entretien avec Jean-Pierre Jabouille ou encore l’article Monstres sacrés (en couverture) montrent qu’en prenant le temps et l’espace de développer les sujets, ceux-ci gagnent en profondeur et donc en intérêt pour le lecteur.
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Auto Heroes Paula.
Au fil des pages, Auto Heroes nous a paru développer (c’est une analyse tout à fait personnelle) une vision de l’automobile et plus particulièrement de l’automobile de collection comme un objet de mode, un must have que tout homme de gout se doit de posséder aux côtés de sa chemise à carreaux, sa barbe de trois jours, ses Stan Smith et sa moto custom. Cette orientation ne correspond pas du tout à notre vision de l’automobile de collection mais gageons qu’Auto Heroes saura trouver son public.

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On aime bien
On aime moins
  • La mise en page
  • Les photos
  • La qualité du papier et du magazine
  • Le tarif contenu
  • Des articles trop courts
  • Des sujets déja parus
  • Un perpétuel retour au business et aux produits à vendre

 

 

Où va la presse automobile de collection ?

Ayant toujours considéré que les médias numériques et papiers n’étaient pas en concurrence mais au contraire complémentaires, cette article ne vise pas à mettre en concurrence les différents supports, bien au contraire ! Dans ma vision, le numérique (blogs, réseaux sociaux) offre de l’instantanéité et une liberté de ton certaine là ou la presse papier propose analyse, recul et dossiers plus complets. Cette vision est quelque peu caricaturale mais reflète l’usage personnel que je fais des médias numériques et de la presse papier.

Même si je passe de nombreuses heures par jour sur internet ou sur mon téléphone portable à écrire les articles de ce blog ou bien encore à m’informer cela ne m’empêche pas d’être un fidèle lecteur de la presse papier. Visiteur régulier des maisons de la presse mais également abonné à de nombreux magasines dédiés à l’automobile ancienne mon appartement abrite une collection de magasines qu’une bibliothécaire chevronnée ne renierait pas.
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Biblio Mag

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Force est de constater que le prix de vente de nos chers (c’est le mot) magazines semble directement indexé sur les cotes de l’automobile de collection. Lors de nos derniers achats, il a fallu débourser 7,90€ pour un mensuel et même 9,90€ pour un autre. Et oui les magazines liés à l’automobile de collection se vendent désormais au tarif d’un roman de poche.

A  en croire les chiffres officiels la presse papier est en danger, voir même en grand danger, les acheteurs sont de moins en moins nombreux et le marché se réduit. Pourtant, le nombre de titres plus ou moins spécialisés se multiplient. Dans le seul domaine de l’automobile plusieurs titres ont été lancés depuis le début de l’année à grand renforts de communication, de tête de gondole et de prix attractifs lors des premiers numéros. Cependant dans le même temps, d’autres magazines disparaissent sans tambours ni trompettes faute de lecteurs ou de rentabilité.

La rentabilité c’est bien la le nerf de la guerre, avec un lectorat en baisse et une offre qui explose, nul besoin d’être docteur en économie ou en marketing pour comprendre que la situation est compliquée et qu’il faut absolument se différencier pour survivre. Malheureusement, en souhaitant se différencier, de nombreux magazines ont appliqué exactement la même stratégie, celle de la différenciation par le haut, ils proposent du haut de gamme, du luxe, du premium, du HPP … appelait cela comme vous voulez mais on en arrive aux prix exorbitants cités précédemment.
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Zielgruppe

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Alors certes le papier est plus beau, plus épais, glacé, pelliculé, texturé … mais attardons nous sur le contenu et c’est la que le bat blesse. Les brèves de début de magasines sortent avec des semaines voir des mois de retard et sont en général directement en corrélation avec les annonceurs présents dans les pages du magazine. Quand aux dossiers ou essais, l’essence même de la presse papiers pour moi, il y a beaucoup de redite et peu d’originalité. Les sujets qui font vendre les magasines sont peu nombreux, résultats on revient souvent sur les mêmes modèles et ou marques.

Combien d’essais de Porsche 911 ? De Jaguar Type E ou encore de Mini ? Vous connaissez pourtant l’amour de Morrissette pour les deux derniers modèles cités. Bien souvent ces sujets traités à de multiple reprises font tomber dans des lieux communs et des copier coller. N’êtes vous pas lassés d’entendre à chaque essai d’une Jaguar du début des années 60 que la boite Moss est rétive ? Que le journaliste qui a écrit un article consacré à Lotus sans y insérer la célèbre formule « light is right » lève la main.
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Lotus Elite

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Pour l’avoir encore une fois utilisé le weekend dernier, une boite Moss correctement entretenue et avec la bonne huile n’est absolument pas rétive, elle demande simplement une décomposition du mouvement et les vitesses passent facilement. Pour ce qui est de la devise de Colin Chapman, rendez une petite visite à un garage entretenant régulièrement une très complexe Lotus Elite et il vous démontrera que le light n’est pas toujours right.

Amis journalistes automobiles, sortez votre carte de presse, essayez des voitures, prenez du plaisir, amusez vous, retranscrivez le dans vos papiers, quittez votre routine, sortez des senties battus, vendez nous de l’inédit, du rêve, des souvenirs des histoires …. Différenciez vous, mais de grâce par le contenu et non par la qualité du papier. Certains magazines le font déjà très bien pour notre plus grand bonheur, prenez exemple sur eux.
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Un fidèle lecteur qui espère pouvoir encore longtemps acheter avec plaisir ses magazines préférés.